Mon chat Noisette ^.^ et moi avons parcouru quelques ouvrages intéressants ces dernières semaines. Nous en partageons ce que nous en avons compris pour vous donner envie de plonger dans certains.
Anthropologie économique
Puisant dans l’anthropologie, C.Arnsperger* tend à expliquer le modèle et les relations économiques d’aujourd’hui. Il démontre le lien entre l’instinct de survie ancré en l’être humain et son attitude face à la mort : nier la mort par la propriété, posséder pour s’immortaliser.
Cette démarche de possession a influencé la représentation sociale, le volume de propriété détermine le rang social. L’anthropocène révèle la crise de civilisation bâtie sur ce modèle de possession.
– Dis donc Fanny, me demande Noisette ^.^, ça voudrait dire : ‘’j’ai donc je suis ‘’ ? Et moi, je suis ?
Vie algorithmique
A.Grimonpont* a observé l’avancée technologique et l’occupation de notre quotidien par les algorithmes. Ces derniers remplaceraient davantage qu’ils n’assisteraient l’intelligence humaine : en délégant des fonctions, plutôt que de réinvestir le temps gagner, l’être humain aurait tendance à l’oisiveté.
En somme, nous tendrions vers une perte de sollicitation neurologique, perte de certaines facultés intellectuelles, perte du processus de pensé et du résonnement, perte de l’expression, de l’argumentation… ?
– Fanny, poursuit Noisette ^.^, l’humain devient moins intelligent !
– Tu n’as peut-être pas tort, Noisette, à vouloir tout régir par algorithme, on perd la substance du vivant : l’erreur humaine, l’aléas, l’imprévu, la fantaisie, … L’arithmétique, la logique chiffrée propagée par l’algorithme dans nos vies visant à tout rationnaliser, tend à grignoter la tendresse qui fait que le vivant est vivant, à effacer les imperfections de la substantielle vitalité. La rationalisation à vouloir tout chiffrer, tout comptabiliser, tout évaluer d’indicateurs arithmétiques dans des cases excel nous éloigne du vivant.
Les projets d’entrepreneuriat collectif tels que peuvent l’être des tiers lieux, des entreprises à mission, des entreprises coopératives… sont animées par le jeu des relations humaines. Le tissage des liens, les complicités interpersonnelles, la confiance en soi et en ses pairs, l’envie d’aller de l’avant, la peur d’y aller, … Les émotions humaines sont les composantes de la dynamique entrepreneuriale.
La place que tend à occuper aujourd’hui des indicateurs de performance chiffrés, la tentation à recourir à la rationalisation comme pour se rassurer dans une quête de perfection, produit l’effet inverse. Tout ne se comptabilise pas. La perfection ne réside pas dans une notation. La perfection n’existe que parce que l’imperfection existe. Acceptons nos imperfections, laissons vivre les émotions et les sentiments humains dans nos projets entrepreneuriaux
Qu’en penses-tu Noisettes, l’humain deviendrait-il moins humain ?
– Zzzzz Zzzz ^.^
Décloisonnement et hybridation
G.Halpern* est inspirante quant aux voies à prendre. Elle encourage les acteurs qui font société à « créer des ponts » entre eux. A collaborer. A échanger. A co-construire. A dépasser les frontières régies par des fonctions, des institutions, des titres professionnels, des filières d’activité, … Selon la philosophe, la prise de responsabilité partenariale est fondamentale pour « réparer le monde ».
Ce qui est essentiel à estimer dans une action collective, un projet de territoire, c’est l’influence de la sociabilité qu’il nourrit localement, c’est le maillage entre les gens, l’écosystème qu’il anime concrètement. L’hybridation des acteurs pour faire société serait la voie à suivre.
– Fanny, t’a fini ? m’interroge dans un soupir Noisette ^.^ un œil mi-clos
– En fait, Noisette, je me demande ce qui définirait l’humanité ? Les interactions, les rencontres, la sensibilité, le partage de points de vue, comprendre à partir d’autres points de vue, d’autres prismes
Observer analyser comprendre restituer imaginer créer interpréter argumenter résonner expliquer transmettre
Noisette, je me dis que si l’IA est une innovation qui occupe nos vies, nous devrions en conserver le pilotage. L’IA est un outil. Il ne doit pas remplacer nos neurones qui se réfugieraient dans l’oisiveté. Si l’IA remplace c’est pour que nous investissions davantage dans l’exigence de nous-mêmes : déployer le potentiel de notre intelligence humaine.
– Fanny, me dit Noisette ^.^, l’être humain aurait tout intérêt à cultiver l’humanité de son intelligence, ce qui ferait de vous des humains :
- Vivez en conscience et cessez de posséder impulsivement [C.ARNSPERGER]
- Utilisez l’IA en tant qu’outil en résistant à la tentation de déléguer [A.GRIMONPONT]
- Interagissez, faîtes, créez ensemble, pour associer vos intelligences [G.HALPERN]
Tu me rajoutes des croquettes dans ma gamelles ? ^.^
*réf.
GRIMONPONT A. (2022), Algocratie, vivre à l’heure des algorithmes, Domaine du possible actes sud
ARNSPERGER C. (2023), L’existence écologique, seuil anthropocène
HALPERN G. (2024), Créer des ponts entre les mondes, Fayard
– Noisette, je te propose en prochaine lecture STIGLITZ JOSEPH E. (2025), Les routes de la liberté, Les Liens qui Libèrent